30e dimanche ordinaire B: Pourquoi souffrir en silence?

LECTURES

1ère lecture : Jr 31,7-9 Psaume : Ps 125,1-6 2ème lecture : He 5,1-6 Evangile : Mc 10,46b-52

Bien chers frères et sœurs,

Assis au bord du chemin et à la sortie de Jéricho, un jour de grande foule, Bartimée est là. Bien attentif à ce qui se passe autour de lui. Malgré sa cécité, il peut entendre ce qui se murmure dans les parages. C’est alors qu’il se rend compte que Jésus est de passage.

Il ne veut surtout pas rater cette opportunité qui s’offre à lui ! Du coup, il se met à crier. Il crie davantage. Il insiste. Malgré la foule qui veut le faire taire. Malgré ceux et celles qui veulent le décourager. Il continue. Il doit crier très fort pour percer le mur de la foule.

Le regard des autres ou les pensées de ceux et celles qui m’entourent ne doivent pas être un obstacle. Parfois il faut savoir prendre son destin en main. Et Jésus, attentif au cri de l’indigent, l’appelle et le guérit (Ps 34, 6). L’invocation du nom de Jésus est une prière puissante !

Ne pas souffrir en silence

Presque tout le monde connaissait Bartimée. Sa situation semblait normale. Et comme il n’était pas habitué à déranger les gens, on a voulu qu’il ferme sa gueule lorsqu’il criait au secours. C’est la situation de beaucoup de gens qui, résignés, souffrent en silence et n’osent pas déranger les gens pour leur misère.

Mais il y a une personne à qui j’ai de la peine à cacher mes douleurs, c’est Jésus-Christ. Bartimée était certainement résigné dans sa douleur et avait su organiser sa vie autour de cette peine. Mais, dès qu’il a su que Jésus était dans sa ville, il ne pouvait plus taire sa douleur.

Bartimée nous apprend que dans la souffrance, il faut crier. C’est un excellent moyen pour rencontrer de l’aide. Les enfants, impuissants dans leur condition, le font aussi. Crier est une prière puissante (Ps 117, 5).

La réponse de Jésus

Fort heureusement, son cri plaintif trouve écho dans l’oreille de Jésus. Et quand Jésus l’appelle, il jette son manteau et court vers Jésus. C’est l’abandon du vieil homme, de tout ce qui, jusqu’alors, constituait sa richesse dérisoire, sa protection relative, son semblant de sécurité… Il fait désormais confiance à Jésus. Dès lors, tout le reste ne compte plus (Philippiens 3, 7).

Jésus connaît le handicap de l’aveugle. Et pourtant, il lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Le Christ veut prendre la peine de l'entendre, de l'écouter. Puisqu'il n'a pas en face de lui un aveugle, mais un homme qui souffre et qui a besoin d'un accueil et d'une écoute bienveillante. En agissant ainsi, le Christ veut donc l’entraîner plus loin. L’amener à exprimer ce qu’il désire vraiment, à dire sa misère avec foi.

Marcher à la suite du Christ

L’aventure de Bartimée, c’est aussi notre histoire à chacun et chacune, parce que c’est l’histoire du cheminement de la foi. Au départ, il y a une situation de misère, mais au plus intime fourmillent une attente et un désir. Et lorsque la personne découvre que le Christ passe sur son chemin, il lance un cri vers lui. Survient alors l’appel de l’Église qui transmet l’appel du Christ : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! »

L’appel du Christ nous met en marche. Mais le chemin n’est pas dépourvu d’obstacles. Il y aura des gens qui nous feront taire pour étouffer notre désir. Il y en aura aussi qui nous décourageront. Il convient d’être persévérant. Au demeurant, il faut opérer un acte de foi, quitter ce qui encombre et s’élancer résolument vers Jésus.

En définitive, la rencontre personnelle avec le Seigneur est une expérience du salut, laquelle fait de nous des pèlerins, puis des disciples. Nous sommes tous appelés à nous mettre en marche. Confiance, il nous appelle !

Sébastien Bangandu Mwanza, a.a.