Bien chers frères et sœurs,
La vie des humains sur cette terre n’est pas que rose. Les attentats du 11 septembre en disent long, dix ans après. C’est qu’à tout moment et en n’importe quelle circonstance, tout le monde peut faire du mal à autrui. Colère, haine, rancune, vengeance… font la trame de la vie quotidienne. A toute faute cependant existe une issue. Une issue encore à la portée des humains que nous sommes. Mais elle est parfois difficile à trouver. En principe, l’auteur du mal doit savoir reconnaître sa part de responsabilité pour pouvoir présenter ses excuses avec sincérité. Cela est nécessaire au pardon et à l’harmonie dans la vie des humains. Savoir demander pardon est une des clefs fondamentales à la résolution des conflits en société.
Par ailleurs, la victime d’un préjudice est en droit de réclamer justice. Qu’il y ait intention de faire du mal ou non, il est légitime de se défendre et d’obtenir réparation. Parfois, le simple fait de demander pardon annule l’intention chez la victime d’intenter un procès. Cependant, refuser le pardon, comme c’est le cas chez certains criminels, est un obstacle majeur à la convivialité ; tout comme rejeter les excuses en ne manifestant aucun désir de repentir ou de pardon. Tout cela peut alimenter, à la longue, des rancunes qui se transforment tôt ou tard en actes de vengeance.
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous propose une voie inédite dans la lutte contre le mal et la violence, une arme insoupçonnée qui nous fait gagner au Christ ceux et celles de nos semblables qui se dressent en ennemis : c’est le pardon. En fait, ce dernier, sans être un acte de démission ou de faiblesse, est capable de nous aider à porter un regard lucide à la fois sur soi et sur l’autre, qu’il convient de considérer comme l’ayant-droit de notre miséricorde.
On le voit, pour devenir viable, la société des humains ne pourrait se passer du pardon, ce don gratuit de Dieu offert à tous sans exception aucune. Dieu est prêt à pardonner notre péché, à refaire notre communion avec lui. Et cela passe à travers les efforts quotidiens que chacun de nous est appelé à réaliser dans le sens du pardon. Car si nous vivons, c’est pour le Seigneur. Et ce dernier se révèle essentiellement à travers sa prédisposition à offrir son pardon à qui se repend. D’ailleurs Dieu fait beaucoup plus qu'offrir le pardon. Au-delà du pardon qu’il nous offre, Dieu nous justifie, coupables que nous sommes à son égard, et très souvent à l'égard des autres (Rm 4, 25).
En agissant de la sorte, il nous invite à devenir tolérants et magnanimes à l’égard de nos frères et sœurs qui nous offensent. Mais très souvent, nous nous hâtons d’obtenir son pardon alors qu’il nous est difficile de pardonner à nos semblables. Si nous voulons renouer avec le Dieu miséricordieux, c’est du côté du pardon qu’il faut lever les yeux car il est l’horizon même de notre coexistence dans le monde.
Pardonner, c’est donner ce qu’il y a de précieux en nous et qui n’est rien d’autre que l’amour de Dieu, versé en nos cœurs par l’Esprit (Rm 5, 5). Pardonner ne signifie pas pour autant oublier, il ne signifie pas non plus comprendre ni excuser une faute ou un acte blessant ; il s’agit encore moins d’une faveur que l’on accorde au « coupable » ou un moyen pour lui de se sentir mieux et de recommencer. C’est plutôt une chance qu’on accorde à l’autre de pouvoir se convertir. En ce sens, le pardon est un acte d’une haute héroïcité.
Notre Dieu est miséricordieux Son plus grand plaisir est de nous pardonner... Quelle grande bonté de Dieu : son bon cœur est un océan de miséricorde ; ainsi quelque grands pécheurs que nous puissions être, ne désespérons jamais de notre salut (Le Curé d’Ars). Enfin, prions que le pardon intervienne en vue d’une authentique et vraie réconciliation entre les humains. Ainsi, la paix pourra retrouver sa place au milieu de nous et nous engagera dans la voie de la construction d’un monde plus fraternel.
Sébastien Bangandu, a.a.
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