Lectures :
1ère lecture : Ex 24,3-8
Psaume 115
2ème lecture : Hb 9,11-15
Marc 14,12-16.22-26
Bien chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, l’Église vénère et adore, dans la liturgie, le trésor nous légué par Jésus lui-même. En effet, l’eucharistie est un acte du Christ qui, dans l’Église, à travers des paroles et des gestes, nous rend présents à ce qu’il a accompli lors de son passage de ce monde à son Père.
Un mémorial
Il est curieux de voir que notre modernité se va construisant sur le rejet des traditions, sur une nécessaire coupure d’avec le passé, afin de donner libre cours au surgissement du nouveau. Dans un tel contexte, le passé apparaît comme un fardeau dont il faut absolument se débarrasser au plus tôt. Désormais, toutes les énergies se focalisent sur le futur à inventer plutôt que sur le passé à remémorer, à conserver et à transmettre.
Si autrefois, l’autorité naissait du caractère immémorial de ce que l’on transmettait, aujourd’hui, de plus en plus, la valeur est fonction de l’apparence de nouveauté. Pourtant, la mémoire est ce qui nous rend présent le passé. Elle nous fait revivre dans l’aujourd’hui, ce qui eut lieu il y a belle lurette. La mémoire eucharistique, elle, va encore plus loin, dans la mesure où elle nous configure au Christ, en faisant de nous son corps actuel.
Un signe de communion
L’Église a pour vocation de rassembler le peuple de Dieu. Cela sous-entend qu’elle a pour mission de donner une mesure commune, quelque chose qui puisse lier assez ce peuple, pour que des raisons de vivre en commun paraissent évidentes, et pour que des valeurs partagées suffisent à prendre le dessus sur les conflits qui ne manquent pas de surgir.
L’eucharistie est un authentique signe de communion. Mystère d'unité, elle est aussi union des membres à leur Maître, et, par le fait même, union des membres entre eux (Jn 17, 21). Une vie chrétienne vécue en solitaire nous fait tourner à rond. L'adhésion intellectuelle à des « vérités », si elle ne va pas plus loin, nous laisse enfermés dans notre égocentrisme.
Du pain d’éternité
J’ai grandi à Kinshasa, capitale du pain ! Dans cette ville, le pain est pain. Il est présent, il est partout, il est vendu, il est partagé, il est mangé. Et comme il n’est pas facile d’avoir un gagne-pain, il faut parfois lutter pour avoir du pain. Un pain savoureux, mais qui passe, qui s’épuise, qui se désagrège. Un pain fugace. A peine l’a-t-on mangé que l’on a encore faim.
C’est dire que la faim et la soif physiques sont un pâle reflet d’un désir profond que chaque être humain ressent. Malheureusement, les nourritures terrestres sont incapables d’étancher complètement notre soif et de calmer définitivement notre faim. Ce sont des nourritures périssables (Jn 6, 27). Il en va de même des autres choses matérielles que nous raffolons. Notre cœur est fait pour quelque chose de plus grand et de plus beau. C’est le pain que Jésus nous donne. Il nous rend éternels.
Enfin, l’invitation à communier au corps et au sang du Christ nous est lancée à l’impératif. « Prenez et mangez…Prenez et buvez », puisque c’est vital. A défaut de quoi, vous n’aurez pas en vous la vie ! (Jn 6, 53). L’action de manger désigne également l’intériorisation de la parole du Fils de Dieu et l’assimilation de sa personne dans une vie de foi très profonde. Saurons-nous un jour mesurer l’enjeu de l’Eucharistie que nous célébrons ?
Sébastien Bangandu Mwanza, a.a.
Dans mes heures d'adoration, j'unis ma prière en priant pour que cet homélie porte du fruit auprès des gens que tu côtoies.