LECTURES
1ère lecture : Isaïe 53,10-11
Ps 32
2ème lecture : Hébreux 4, 14-16
Évangile : Mc Mc 10, 35-45
Bien chers frères et sœurs,
Dans ce monde d’artifices, le pouvoir, la gloire, le paraître règnent aux dépens de l’être, du service, de la dédication. Bien souvent, on voit dans la célébrité, la gloire, l’honneur, des moyens de satisfaire notre soif de regards admiratifs et impressionnés… au risque de verser dans l’inauthenticité.
Jésus a bien compris cela, lui qui fut d’ailleurs une grande célébrité et un objet de curiosité, avant de se faire « promeneur solitaire », pour fuir l’apparat, les ovations, la vaine gloire… (Jn 6, 15). Dans l’Évangile de ce dimanche, il nous invite à l’humilité, au service désintéressé, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
La folie des grandeurs
En réalité, ce passage d'évangile met à nu l'une des prétentions secrètes qui habite le monde d'aujourd'hui et qui, peut-être, se trouvent être le motif secret du comportement de bien des humains : l’ambition pour l’honneur, la félicité, etc.
En fait, l’ambition en elle est même n’est pas dangereuse. C’est lorsque cette dernière devient une obsession qu’il faut s’en inquiéter. Les fils de Zébédée, qui furent d’ailleurs les premiers à suivre le Christ veulent s’assurer un avenir meilleur en ambitionnant des grands postes ! Quoi de plus naturel pour ces vaillants pêcheurs qui ont tout quitté pour suivre le suivre ? Après tout, qui de nous n’a jamais nourrit la secrète illusion de baigner dans la gloire ?
L'Église elle-même n'est pas à l'abri des ambitions démesurées : études spécialisées, course au pouvoir, carriérisme de certains de ses membres. Les honneurs ecclésiastiques, les nominations, bref tout ce qui distingue, constitue pour certains un vrai motif d’orgueil. La "dernière place" dont nous parle Jésus n'est guère convoitée.
Charité de l’intelligence
Curieusement, voilà que leurs collègues s’en indignent. Mais avant de nous étonner de la curieuse idée que les fils de Zébédée se font du Royaume de Jésus, il serait peut-être intéressant de nous interroger sur l’idée que nous-mêmes en avons. Et la vérité c’est que nous ne sommes pas du tout différents d’eux.
Malheureusement, c’est parfois nous qui sommes les premiers à nous indigner en voyant d’autres afficher ouvertement leurs ambitions. Pourtant, on voit bien que cette première place, les dix autres la convoitaient tout autant, et leur indignation n'est que jalousie et dépit.
Par contre, Jésus, lui, ne les réprimande pas. Il se rend tout simplement compte que ses apôtres ne comprennent pas. Comprendre que les autres ne comprennent pas, c’est la charité de l’intelligence, une des formes les plus hautes de la charité (François Varillon). Au lieu de s’indigner de leur ardeur intempestive et maladroite, Jésus en profite pour redresser et instruire.
C’est la croix qui sauve !
Les croix que nous dressons sur nos places, que nous plaquons sur les murs de nos chambres, que certains suspendent à leur cou ou accrochent au revers de leur veste ne sont pas des simples objets de décoration. Elles signifient notre adhésion au Christ qui, par sa croix, nous a apporté le salut.
En définitive, pour Jésus, la vraie grandeur du disciple trouve sa vraie expression dans le service désintéressé des autres (Lc 22, 27). On le voit, c’est au principe même des grades et des honneurs qu’il faut renoncer. Dans un monde qui canonise le pouvoir, vivre en vrai disciple du Christ c’est accepter de vivre dans le monde sans abdiquer notre identité de serviteur.
Sébastien Bangandu Mwanza, a.a.
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